Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Single and Fabulous...?
18 février 2008

"Qu'on leur donne de la [madeleine]!"

Je ne suis pas une grande fan de Proust (j'ai jamais pu finir un bouquin, et ce, malgré mon syndrôme de la lecture inachevée) et, même si je trouve très joli que des proches collaborateurs aient appellé (une de) leur(s) fille(s) Oriane, j'avoue ne jamais avoir réussi à entrer dans son monde, qui pour moi a des relents d'auto-congratulation masturbatoire, au même titre que l'oeuvre entière de Rousseau (pas le douanier) ou plus simplement Les Mots de Sartre (pas le département [mouahahaha]).

En revanche, l'anecdote métaphorique de la madeleine me parle énormément, jusqu'à [oserai-je le dire?][ouais, allez, soyons folles-furieuses] devenir un gros gimmick de vie chez moi.
Seul Raymond Babbitt pourrait dénombrer le nombre de fois où, en une seule journée, je me retrouve le tarin en l'air à humer frénétiquement en me disant:
"- putain, mais où j'ai senti ça?"
"- ah oui, l'eau de toilette de jules n°4963 (à moins que ça soit 4965? Bon, le p'tit blond, là...[Blblblblblbl])"
ou alors
"- tiens ça sent comme chez mon parrain que j'ai pas vu depuis 16 ans"

[Ouais, je sais, j'suis un peu frappée quand-même. Mais tu ne le savais pas déjà??]

En fait, j'ai repensé aux madeleines en constatant l'effet pervers qu'avait sur moi le parfum tout particuler des hôpitaux. Pour tout te dire, lecteur (lectrice) je suis née grande prématurée et ai peuplé cet environnement fortement olfactif très tôt dans ma vie et pendant assez longtemps.
En circulant ces derniers jours dans ces couloirs éclairés à outrance et qui fleurent bon un mélange d'odeurs de purée, de sparadrap, de désinfectant et d'un cocktail d' âcres senteurs médicamenteuses, je me suis immédiatement rappellée à quel point je haïssais cette odeur.
(Au fait, as-tu remarqué comme le malaise des visiteurs des hôpitaux se perçoit dans leur démarche mal-assurée et hésitante?)
Je la hais, comme tout le monde, me diras-tu, mais là où ça devient étrange, c'est qu'elle me réconforte en un sens. Je la connais. Je sais où je vais.

Et encore, pour moi, l'effet madeleine ne se limite pas au simple sens olfactif, mais je le ressens avec tout ce qui m'entoure.
Bon, tu vas me dire, lecteur (lectrice) qui ne me lis plus vu ma légère phase de pas-super-glopitude du moment que c'est pas franchement une découverte transcendentale, une breaking-news-de-ouf qui mériterait qu'on interrompe la finale de la Star Ac' ou un reportage de fond sur la vie de couple de notre président pour qu'elle soit diffusée à heure de grande antenne. Et tu n'aurais pas tort. (Comme quoi, t'as beau plus me lire, t'as quand-même souvent raison ces temps-ci... -ouais, je sais, flatterie de bas-étage, c'est facile-)

Et oui: en fait, je confonds ce que les sages appellent expérience avec un gâteau géant qui remplace les DeLorean volantes de mon enfance. Mais bon. C'est peut-être parce que j'en bouffe pas assez que du coup, elles viennent se venger en me hantant constamment.
[Garçon? Camisole, table 3!]
Pourtant, il est vrai que quand on y réfléchit bien, la maturité a un léger arrière goût de pâtisserie. Et que, même quand le souvenir est douloureux et la madeleine amère, la retrouver elle ou une fournée similaire après quelque temps laisse un arrière-goût de vaguement sucré, de familier, même de confortable (aussi tordu que ça puisse paraître, surtout si la madeleine était pour le coup absolument immangeable et complètement étouffe-chrétien)

Après tout, la nature humaine est profondément tordue, sinon, pourquoi certaines nanas accepteraient de se faire ratonner par leur Jules? Pourquoi certains mecs n'aiment que les chagasses? Et pourquoi certaines personnes n'arrivent pas à se sortir de leur état dépressif latent?
La vérité est que, comme dirait Garth Algar, on a peur du changement, et ce, même si parfois ça joue en notre défaveur. Notre instinct de survie animal aurait plutôt tendance à nous faire aller de l'avant, apprendre de nos expériences, bonnes ou mauvaises. Mais voilà, notre cerveau est "programmé" pour être sept fois plus impacté par un évenement désagréable qu'un positif, et, du coup, c'est tout naturel que parfois, certains, s'engouffrant dans l'excès inverse de cette tendance humaine, s'enlisent dans l'inaction et la tétanie les plus incohérentes et irrationnelles.
La grande difficulté pour l'entourage des personnes qui font ce choix là, celui de l'auto-flagellation-avec-option-oeillières, c'est de savoir comment se positionner. Parce que certaines personnes ne veulent pas être aidées. Probablement parce qu'elles ne ressentent pas le danger de leur propre comportement envers elles-mêmes; ou alors qu'elles considèrent que cette auto-destruction qu'elles opèrent à force de s'empêcher de vivre est moins risquée que de lacher la rembarde et essayer, au moins.

Et combien de moulins à vent est-on réellement capable de combattre de front, et pendant combien de temps, avant de sombrer la folie?

Publicité
Commentaires
Single and Fabulous...?
Publicité
Single and Fabulous...?
Publicité